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Dolores – James Osmont

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On l’attend chaque année à la même époque comme certains attendent le beaujolais nouveau, le nouveau thriller psychiatrique de James Osmont vient de paraître! Et si les deux premiers tomes, Régis et Sandrine étaient réussis, celui-ci est très certainement le plus abouti des trois et je n’en ai fait qu’une bouchée, il n’a pas passé la journée d’hier!

Je vous propose aujourd’hui de faire la rencontre de Dolores, paru le 14 Juin dernier en autoédition.

L’histoire (4è de couverture)

Le Mal poursuit sa course. Inexorablement. Dolores est son nouveau pantin. Bras armé, victime désignée? Toxique et paumée, elle se débat pourtant. Fuit en avant. Se heure aux limites et aux murs de sa prison. Chaque jour, elle oeuvre à sa propre destruction… Mais la trilogie turbulente qui va prendre fin ici n’aura été qu’une étape. Fatalement. Car la folie des Hommes a encore bien des cartes à jouer… Et d’innombrables visages.

 

Lecture dense et style décalé

Comme je le disais dans ma précédente chronique, Sandrine, James Osmont a réussi à créer un genre de thriller à part entière, qui ne ressemble à rien d’autre qui existe déjà dans ce genre littéraire. Et ce troisième opus est l’occasion pour lui de prendre les mêmes ingrédients qui ont réussi à séduire un lectorat toujours plus grand en deux ans, mais en y affinant son style.

Il y a beaucoup à dire au sujet du style narratif de l’auteur. D’abord, c’est dense, très, et ça reflète en quelque sorte l’état psychique des personnages qu’il nous présente. L’auteur joue merveilleusement avec les mots et une écriture qui se veut nerveuse, ils sont le reflet des maux profonds des personnages. De nombreuses virgules ponctuent les phrases, les figures de style notamment d’accumulation sont légion et rendent le récit très dynamique, presque de manière obsessionnelle, ça frôle la névrose et ça nous donne l’impression d’être plongé en plein dans les méandres de leurs esprits dérangés. Le langage est à l’image des deux autres tomes, soutenu, et je me retrouve à nouveau face à un ouvrage très littéraire sans pour autant tomber dans quelque chose d’écrasant et de laborieux à lire. A nouveau, de nombreux extraits musicaux ponctuent le récit, renforçant à nouveau se sentiment de « gros capharnaüm mental » mais tout en apportant une sorte de bouffée d’air au lecteur.

L’écriture se fait quasiment poétique à certains moments, certaines vérités vous sont jetées à la figure et débrouillez-vous ensuite avec pour continuer d’essayer de vous voiler la face. Ce n’est pas une lecture de tout repos, j’ai relevé un nombre incalculable de passages qui raisonnaient en moi, et qui ont laissé plané une ombre au-dessus de moi après avoir terminé cette lecture.

 

Et puis du renouveau…

Changement radical de style dans le dernier quart du livre, comme ça, sans prévenir… D’un thriller psychiatrique où l’action était principalement centrée sur les patients et les soignants  au sein de l’unité de soins, on migre tout doucement sans s’en rendre compte dans du thriller pur et dur. Terminés les longs passages tortueux qui te font un nœud au cerveau en te faisant te poser des questions sur la vie et la société, place à des scènes plutôt orientées vers du thriller « classique » (à utiliser avec de gros guillemets car les scènes en question tabassent!). C’est nouveau chez lui, et je n’ai pas souvenir d’un changement de style aussi radical dans Régis et Sandrine.

De l’aveu même de l’auteur, il a mis ses tripes sur la table et il se sent vidé après avoir écrit 3 ouvrages aussi complexes. C’est normal, c’est compréhensible, et c’est ce qui fait que c’est aussi réussi. S’il avait été moins impliqué dans son écriture, plus « étranger » on va dire et qu’il avait pris plus de recul, aucun doute que cela aurait été bien moins percutant, immersif et aurait été plus conventionnel.  Alors je me demande, si consciemment ou inconsciemment , James ne serait pas en train de migrer doucement vers quelque chose de différent pour ses prochains livres afin de varier et de ne pas s’enfermer dans le même style littéraire, surtout étant donné le fait que Dolores clôture cette série. A moins que ça ne soit un moyen de préparer le lecteur à autre chose?

 

Le mot de la fin

Ce livre n’a rien à faire en autoédition. Alors certes, cela permet d’être diffusé auprès d’un public d’initiés, certes, l’auteur conserve une totale liberté d’écriture MAIS je reste persuadée que des maisons d’édition audacieuses pourraient être séduites par cette trilogie, parce qu’il y a une réelle qualité d’écriture, de travail de recherche aussi dans ses livres, et que ça serait franchement pas mal de proposer quelque chose de différent aux lecteurs qui peuvent parfois trouver une certaine redondance dans ce qui est édité.

Un final admirable pour clôturer une série hors norme. Je ne peux que vous conseiller de découvrir cet univers inhabituel. Il faudra vous habituer au rythme, au style original et parfois tarabiscoté de James Osmont, mais si vous avez une certaine curiosité à découvrir quelque chose de différent, foncez!

Je remercie à nouveau James pour sa confiance, je le suis depuis ses débuts, je l’ai vu évoluer, et je continuerai à le suivre pour les prochains, si toutefois prochains il y aura…

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