Editions XO, Non classé

Le silence et la fureur – Natalie Carter et Nicolas d’Estienne d’Orves

Monsieur Serial Lecteur : « Il te plaît ton bouquin ? »

Anaïs Serial Lectrice : « Hmmmmmm… Tu sais quoi ? J’sais pas à quoi ils carburent les auteurs pour nous sortir un livre de dingue comme ça, mais ça doit être du bon ! ».

Quelle découverte ! Quelle noirceur !

Ce livre est un thriller écrit à 4 mains, par une mère et son fils. Je ne connaissais ni l’un ni l’autre, et ça a été l’occasion pour moi de découvrir ce livre si particulier, qu’il est difficile de résumer en quelques mots tant il est différent des thrillers que je lis habituellement.

Je vous invite à un voyage bien glauque, aux confins d’un lieu isolé, aux côtés d’un homme particulièrement… étrange !

Je vous parle aujourd’hui du livre Le silence et la fureur de Natalie Carter et Nicolas d’Estienne d’Orves, paru tout récemment chez XO Editions.

L’histoire (4è de couverture)

Un lac perdu de l’Ontario, et au milieu, une petite île escarpée où souffle le vent mauvais du soupçon.

Max King, pianiste adulé dans le monde entier, y vit reclus dans sa maison, prisonnier de ses obsessions et de ses cauchemars.

Il y a dix ans, un drame l’a condamné au silence : la moindre note sur le clavier provoque en lui d’effrayantes douleurs.

Pour cet immense artiste, la musique est devenue un bourreau.

Mis à part sa gouvernante, Max King ne voit personne. Ni sa femme Fiona, ni son fils Luke, qui a quitté l’île et que tout le monde surnommait « le petit prince).

Un futur pianiste de génie, comme son père.

Le retour de Luke résonnera comme un cataclysme sur cette terre maudite.

Et du silence jaillira bientôt la fureur.

Un redoutable thriller psychologique !

Prenez une petite île, noyée dans le brouillard où seules quelques âmes survivent, ajoutez-y une maison très isolée où un ancien pianiste de renom y vit reclus, loin de la civilisation et en proie à de terribles crises d’angoisses à la moindre note de musique entendue, saupoudrez le tout d’un climat lourd, suspicieux, et vous obtiendrez un huis clos étouffant, et un livre vraiment curieux !

Niveau ambiance, c’est glacial, aussi bien en raison du climat, de l’effet insulaire, que de la personnalité des divers protagonistes, franchement pas avenants, et pas forcément non plus très sains d’esprits. Chacun, à sa manière, a quelque chose de bizarre en lui, des réactions pas ou peu communes, et certains m’ont carrément refroidis car je ne me sentais pas en sécurité à leur côté car ils sont inquiétants… A croire qu’ils m’ont fait peur comme si je vivais à leurs côtés… Je ne me suis attachée à aucun personnage, ce qui n’est pas forcément négatif parce que je ne conditionne pas mon appréciation d’un livre au fait que je me sente proche ou non d’eux.

La structure de ce thriller est assez peu commune. On constate les dégâts occasionnés par les faits, avant même de connaître ces derniers. C’est sur ce détail que les auteurs vont construire leur suspense. Dans une bonne première partie du livre, nous avançons à l’aveugle, sans forcément comprendre où les ils veulent nous emmener. Aux environs de la cinquantième page, j’ai même relu la 4è de couverture pour m’assurer qu’il s’agissait bien d’un thriller parce que j’avais un doute. Et puis, crescendo, on commence à entrevoir quelque chose. Natalie et Nicolas distillent habilement des indices, laissant supposer qu’un drame est arrivé il y a plusieurs années et que cela a conduit le pianiste à s’isoler de cette façon. On se dit que mince alors, il a dû se passer un sacré cataclysme pour qu’il soit arrangé à ce point-là, parce qu’il est sacrément atteint du ciboulot notre Max ! Il a des réactions absolument effroyables, j’avoue avoir ressenti une sorte de malaise à la lecture de certaines scènes tant j’ai du mal à faire face aux travers psychologiques des gens, parce que ça me fait peur.

Et puis, une fois qu’on a compris pourquoi il est devenu comme ça, on comprendrait presque sa douleur, son traumatisme… On se demandera alors qui peut bien être coupable d’une telle atrocité, et là, tous les mécanismes du thriller se mettent en place : fausses pistes, rétention d’information, vous envisagerez diverses possibilités au point d’en devenir parano, vous accuserez tour à tour plusieurs personnages, mais le final est bien plus sombre que tout ce que vous aurez imaginé…

Les chapitres très courts dynamisent ce récit où il ne se passe, par moment, par grand-chose, et où les auteurs s’amusent à faire planer le poids d’une ambiance écrasante dans un cadre mystérieux et inquiétant. Aucun moment d’ennui pour moi, il en faut du talent pour réussir à me tenir en haleine alors qu’il ne se passe aucun événement dramatique !

« Quelle musique, le silence ! » Jean Anouilh

Le mot Silence nous est jeté en pleine figure. Dès la couverture, il prend toute la place, tout en étant mis en parallèle d’un autre mot puissant, celui de la Fureur. Ils s’opposent dans ce récit, et pourtant ils ne font qu’un, ce sont comme deux aimants qui s’attirent, étroitement liés, ne pouvant exister l’un sans l’autre. Si antinomiques, et pourtant tellement liés ensemble !

Détrompez-vous, ce livre, c’est tout sauf du silence. Il en émane une musicalité importante grâce à l’emploi des larges champs lexicaux du bruit et de la musique. Plus que ça, l’écriture quasi poétique par moment, fait de ce thriller un ouvrage d’une belle qualité littéraire, où les mots s’accordent entre eux comme les notes de musique sur une partition. Vous ne faites pas que lire ce livre, vous l’entendez, il résonne en vue et vous submerge.

Le mot de la fin

D’un côté, la plume du romancier Nicolas d’Estienne d’Orves, une plume sensible, flirtant avec le genre romanesque, voire poétique sous ses airs de thriller d’ambiance, et de l’autre, la scénariste Natalie Carter qui donne à ce livre une intrigue imagée, cinématographique, voire auditive qui nous permettrait presque de palper cette lourdeur ambiante.

Si vous avez envie de découvrir un thriller différent, qui vous sortira de vos habitudes de serial lecteurs, foncez ! Je recommande !

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