Anglais, Editions La Martinière

Le club des pendus – Tony Parsons

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J’avoue que je ne connaissais pas du tout l’auteur jusqu’à ces derniers jours. J’ai profité de la sortie toute récente de ce dernier opus pour le lire, et quelle entrée en matière les amis ! Lorsque j’ai reçu mon livre, j’ai cru qu’il y avait une erreur de routage « non mais c’est quoi cette couverture girly rose bonbon ? » . Et puis les premières pages, et puis l’entrée dans l’univers particulièrement glauque de Tony Parsons, et puis le coup de cœur…

Je vous parle aujourd’hui dernier livre de Tony Parson, Le club des pendus, paru le 21 septembre 2017 aux Editions La Martinière.

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L’histoire

Ils ont décidé de rétablir la peine capitale.

Ils forment un étrange club avec pour modèle le célèbre bourreau anglais Albert Pierrepoint, responsable de plus de quatre cent cinquante exécutions au siècle dernier.

Et c’est par la corde qu’ils ont décidé de punir violeurs d’enfants, chauffards et autres délinquants qui réussissent à échapper au système judiciaire.

La conscience du détective Max Wolfe le tourmente. La Justice est-elle vraiment là où on le croit ? Qui sont ces citoyens-vengeurs ? Pour y répondre, Max devra s’enfoncer dans les entrailles de la ville, là où les vestiges du passé ont encore une emprise sur les vivants.

Dans un Londres caniculaire, plus que jamais le bien et le mal se confondent.

 

Il faut quand même que je vous dise…

… que je suis un peu chiffonnée d’enchaîner un troisième coup de cœur, parce que j’ai peur de perdre ma crédibilité à force d’aimer tout ce que lis ! Mais quand c’est bon, on le dit, et quand c’est excellent, on le crie ! J’y peux rien moi si j’enchaîne les bonnes lectures ! Et ici, c’est un cri du cœur !

Ne vous attendez pas à ce que votre lecture soit un moment de détente le long d’un fleuve tranquille, préparez-vous plutôt à être secoués, malmenés, parce que le rythme de l’intrigue est intense, que les meurtres sont barbares et que, cerise sur le gâteau, l’histoire est immersive, addictive, et que vous voudrez toujours aller plus loin pour comprendre où tout ça va vous mener.

Tony Parsons place son intrigue en pleine ville de Londres, et j’ai apprécié le travail qui est fait pour que la ville soit en quelque sorte personnifiée, dans le but d’ajouter de la cohérence à l’intrigue et pour donner aussi du crédit aux assassins, car ils exécutent leur vengeance en rendant hommage au célèbre bourreau anglais Albert Pierrepoint (qui a réellement existé et qui est considéré comme étant un des plus grands bourreaux anglais, avec à son palmarès par exemple des criminels de guerre allemands). Son ombre plane tout au long de l’enquête et j’ai apprécié l’évocation faite de cette partie de l’Histoire anglaise dont je n’avais pas du tout connaissance.

Le club des pendus est un thriller à l’atmosphère glauque, étouffante, profondément noir et dérangeant : le mot est lâché sur le bandeau de la couverture. Moi j’y crois rarement aux bandeaux, ils n’ont pas d’impact sur mes achats et même si je peux comprendre la démarche des éditeurs, je préfère me faire une opinion toute seule, parce que j’ai été trop souvent déçue par les arguments marketings.

 

Pourquoi dérangeant ?

D’abord, parce que nous lecteurs, sommes dans une espèce de position de voyeurs lorsque les crimes sont perpétrés : on assiste à la mise à mort, à la terreur du personnage qui comprend tout doucement qu’il va être pendu, à sa résistance, son acharnement à essayer de s’enlever la corde du cou, on assiste aussi au moment où il se vide et où il rend son dernier souffle.  Rien ne vous sera épargné. C’est barbare une pendaison, ça dure de longues minutes, des minutes d’agonie, c’est un peu une torture avant que la mort ne vienne délivrer le corps de cette souffrance. On étouffe en même temps qu’eux, on sent une oppression dans la gorge, on veut que ça se termine vite pour ne plus avoir à supporter l’image qui se déroule devant nos yeux. Je ne dirais pas que j’ai mal vécu ces passages, mais je me suis sentie mal à l’aise d’assister à ces mises à mort car elles sont pour moi d’une barbarie profonde. Visiblement la pendaison est quelque chose qui me choque, m’atteint dans mes émotions.

Ensuite, et c’est ce que je retiendrai le plus de ce livre et qui me hante encore une semaine après l’avoir terminé, je l’ai trouvé dérangeant parce qu’il nous amène à nous poser de sérieuses questions sur notre position vis-à-vis de la peine de mort. J’étais, je suis, et resterai profondément contre, je ne souhaite pas créer de débat autour de ce sujet ici, mais je tenais à vous faire part de mon opinion parce qu’il faut que vous compreniez que malgré cette position catégorique qui est ancrée en moi depuis toujours, le raisonnement qui est développé à travers certains personnages fait qu’on en viendrait presque à comprendre et à dédouaner les bourreaux de leurs actes. Ils sont une sorte de justiciers face à une justice trop laxiste où certains salauds peuvent s’en sortir à grand renfort d’avocats ou vices de procédure.  Les personnages exécutés ici sont tous passés à travers les mailles du filet ou n’ont été condamnés qu’à de faibles peines par rapport à leurs actes. Les bourreaux ne s’en prennent pas à des personnes innocentes ou fragiles non, ils s’en prennent à des assassins, des violeurs d’enfants, qui ont réussi à s’en sortir et à revenir à une vie normale, parfois avec une famille, alors qu’ils avaient brisé la vie de leur victime et de leur entourage. Qui n’a jamais pensé, lorsqu’un verdict trop clément était prononcé, qu’il vaudrait mieux tuer ces monstres plutôt que de les laisser vivre et recommencer? Qui n’a jamais pensé que si un jour quelqu’un osait s’en prendre à un de ses enfants, il ne se ferait pas justice lui-même? Mais entre le penser à cause de nos instincts primaires ou de notre souffrance et passer à l’acte, il y a un fossé, un ravin même! Ici pourtant, c’est une réalité, et ça soulève une tonne de questions et sentiments contradictoires chez le lecteur.

Et puis pour finir, je dirais que ce livre amène également des interrogations autour des réseaux sociaux. Les exécutions sont ici filmées dans leur intégralité, et diffusées en direct sur Youtube, relayées à grand renfort de partages sur Facebook ou Twitter. Les followers sont légion, se multiplient plus vite que les puces sur le ventre de votre chat, les vidéos deviennent virales et il est impossible de stopper cela. On se rend compte que sur des esprits en deuil, fragiles ou manipulables, cela pourrait créer des vocations et ils pourraient à leur tour en venir à ces comportements extrêmes. C’est un des dangers des réseaux sociaux, tout peut être partagé sans qu’on puisse l’arrêter.

 

Le mot de la fin

Un livre percutant qui m’a profondément marqué et m’a donné envie de lire le précédent livre de la série, Les anges sans visage.  Tony Parsons joue avec la fiction pour évoquer un thème bien réel qui a de tout temps opposé les consciences. J’ai trouvé les personnages très humains, qu’ils soient enquêteurs ou bourreaux (et oui…), parce qu’ils sont guidés par leurs émotions primaires et que chacun, à sa manière, se bat pour la cause qu’il défend. Mon avis n’a pas changé sur la peine de mort, mais je reste sincèrement ébranlée par les sentiments que ces questions ont fait naître en moi.

L’écriture de Tony Parsons est loin, très loin de l’idée que je me faisais des thrillers/polars anglais. Je gardais un souvenir assez négatif, dans le sens où ça manquait profondément de punch pour moi. Les certitudes étant faites pour être bousculées, j’ai passé un excellent moment lors de ma lecture du Club des pendus.

Je ne peux que vous recommander cet excellent thriller, et remercie sincèrement les Editions La Martinière pour m’avoir permis de le découvrir.

 

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12 réflexions au sujet de “Le club des pendus – Tony Parsons”

  1. Javais déjà lu ses deux premiers et j’avais vraiment accroché à son écriture,sa vision de l’aristocratie Anglaise , sa façon d’amener l’intrigue. J’avais déjà l’intention de l’acheter et tu me confortes dans mon idée. Merci Anais pour ce retour

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