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Le crime – Arni Thorarinsson

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Parfois, un livre te marque tellement, qu’à peine terminé et malgré tes 3 autres chroniques de retard, tu te jettes sur ton PC pour écrire ton article histoire de ne pas perdre une miette du ressenti que tu as eu durant ta lecture et c’est d’ailleurs un peu chamboulée que je commence ma lecture.

Ce livre, c’est Le crime – Histoire d’amour, de l’auteur islandais Arni Thorarinsson, paru d’abord aux Editions Métailié, récemment en format poche aux Editions Points et traduit en français par l’incontournable Eric Boury.

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L’histoire (4è de couverture)

Avant ils étaient heureux, une famille heureuse, et puis ils l’avaient appris et leur vie était devenue un enfer. Ils ont tout caché, surtout pour leur fille. Mais ils se sont engagés à lui parler le jour de ses dix-huit ans. Tous les trois, ils ont attendu ce moment et craint son arrivée. La mère veut tenir sa promesse. Le père doute que la vérité les libère du cauchemar. La fille se révolte, essaie de survivre, de les tenir à l’écart. Elle les hait, autant qu’elle les aime.

 

Des doutes rapidement levés

J’ai hésité avant d’acheter ce livre lorsque je me suis rendue à la librairie, parce que même s’il était estampillé Polar, le sous titre « histoire d’amour » m’a fait peur parce que je n’aime vraiment pas les livres qui dégoulinent de bons sentiments… Et puis je me suis quand même dit que je connaissais bien Arni Thorarinsson, ayant déjà lu la totalité de sa bibliographie parue en France, et qu’il n’était pas possible qu’il nous propose quelque chose du genre…

C’est donc rapidement que j’ai débuté ma lecture, le livre ne fait que 167 pages, il a été rapidement lu. Après ma découverte de plusieurs pavés récemment, j’ai envie de privilégier en ce moment des thrillers ou polars courts pour changer d’ambiance régulièrement. J’ai dans un premier temps éprouvé une certaine lassitude durant les cinquante premières pages, où je me suis sentie perdue face à la multitude de personnages, leurs prénoms à cause desquels je ne savais pas s’il s’agissait de femmes ou d’hommes, où je me suis sentie aussi perdue en raison d’un grand mystère planant autour des liens des différents personnages…

Et puis il y a ce moment que chaque lecteur attend fébrilement, mais qui n’arrive que de rares fois et quand tu ne t’y attends pas, celui de LA révélation, ce moment qui te donne l’impression d’avoir reçu un uppercut tant tu n’avais rien vu venir, et qui te laisse bouche ouverte et yeux écarquillés tel un mérou qu’on aurait sorti de l’océan et qui tenterait de respirer sans réussir à le faire… L’auteur islandais nous offre sur un plateau d’argent un retournement de situation digne de celui que son confrère Indridason nous a proposé dans Betty, celui marquant le lecteur durant des semaines, voire même des mois après sa lecture! Et là, alors que tu éprouvais un certain abattement à ne pas réussir à rentrer dans le livre, ça y est tu y es, tout s’éclaire, et tu plonges vraiment dans cette histoire pour en ressortir fébrile avec tout un tas d’émotions.

 

Un roman noir

Plus qu’un thriller, ce livre propose un regard sombre sur l’histoire compliquée d’une famille, où les relations sont vraiment conflictuelles, où la culpabilité est dévorante, et où les différents membres sont dévastés par un lourd secret qui planera sur les protagonistes en même temps que sur les lecteurs durant leur lecture. On assiste à la déchéance de plusieurs personnes qui ont tout perdu, qui ont vu leur vie voler en éclat et qui ont parfois sombré dans la déchéance, incapables de faire face à la vérité. On se posera alors la question de savoir si la vérité doit nécessairement être dite sous peine de briser des vies, ou si on peut se complaire indéfiniment dans un mensonge qui aurait pour effet de conserver une sorte de stabilité artificielle réconfortante…

Comme je vous le disais, j’ai eu peur en lisant le sous-titre du livre, mais force est de constater qu’ici, les histoires d’amour sont abordées de manière très sombres, à vous en coller une déprime pour le reste de la journée et à égratigner vos émotions…

 

Changement de style

J’ai découvert il y a environ deux ans Arni Thorarinsson. J’ai lu la totalité de sa biographie, n’ai malheureusement chroniqué aucun de ses livres car je n’avais pas encore ouvert mon blog à l’époque. Dans ses autres livres, nous suivions Einar, un journaliste de Reykjavik muté dans le nord du pays. C’était l’occasion pour l’auteur de dresser un constat sévère sur la société islandaise, gangrenée par la corruption et par le pouvoir de l’argent et de la drogue. Ici,  nous sommes dans un schéma narratif totalement différent. Les personnages sont inconnus pour nous, il s’agit d’un one-shot. Aucune étude de la société islandaise n’est faite, quelques réflexions ont bien lieu à de rares moments mais cela n’a rien à voir avec ses autres opus. Ensuite, ce livre aurait pu se dérouler dans n’importe quel autre pays, je n’ai pas ressenti l’ambiance islandaise que j’aime tant retrouver dans les livres venant de ce pays. Ça ne m’a pas forcément dérangée car ici la focale est faite sur cette famille brisée et son entourage proche, l’intrigue est tissée autour de cette colère qui transpire à travers les pages, et on assiste impuissant à l’abattement dont sont en proie les personnages dans leur descente aux enfers.

Le mot de la fin

CONQUISE  ! C’est un livre relativement différent que nous propose ici l’auteur nordique, différent de ce qu’il écrit habituellement mais également de ce qu’ont l’habitude d’écrire les auteurs de polars islandais. Est-ce que ce livre peut vous plaire? Je ne sais pas. J’aurais tendance à dire que oui vu l’engouement que j’ai ressenti (peut-on être objectif quand on a à ce point apprécié notre lecture?), mais je sais que bon nombre de lecteurs de ce genre littéraire ont besoin que ça bouge beaucoup pour se sentir épanouis dans leur lecture. Si je ne devais en conseiller qu’un de lui pour le découvrir, indéniablement ça sera celui-ci, parce qu’il a réussi le tour de force de nous proposer un livre empreint d’émotions sans pour autant tomber dans quelque chose d’ennuyeux ou de larmoyant.

Si vous vous décidez, accrochez-vous durant les premières pages, prenez quelques notes sur les noms des personnages, ça vous aidera dans votre lecture. Et bien évidemment n’oubliez pas de me tenir au courant si vous avez aimé ou pas !

Et je terminerais ma chronique, une fois n’est pas coutume, par une citation qui m’a énormément touchée :

« Un jour quelque part à nouveau
ton chemin mènera jusqu’à moi
et tu me diras: tu m’as manqué,
tu m’as manqué… »

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