Déceptions, Français, Non classé, Polar/thriller français

De force – Karine Giebel

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C’est officiel, le divorce entre Karine Giebel et mon cœur de lectrice est consommé. J’ai été une très grande fan de ses livres, il semblerait que ce temps soit révolu… J’ai dévoré en quelques semaines toute sa bibliographie, jusqu’à Satan était un ange que j’avais trouvé insipide… La déception a continué avec De Force alors que je l’attendais avec impatience. Et quelle déception cette fois!

Je n’aime pas ça, mais je m’apprête à vous dévoiler une chronique bien cruelle…

 

L’histoire

Maud est une jeune femme de 20 ans, fille d’Armand Reynier, un célèbre chirurgien réputé et orpheline de mère. Alors qu’elle était en train de faire son jogging accompagnée de son chien, un homme vient l’attaquer, la violente, et tente de la violer. Elle sera secourue in extremis par Luc, un jogger, garde du corps de son métier, qui a été témoin de la scène. La jeune femme est conduite aux urgences, elle sera profondément traumatisée lorsqu’elle sera de retour au domicile de son père et de Charlotte, sa belle-mère. Rapidement, des menaces arrivent au domicile de cette riche famille, toutes destinées à Armand, et visant sa fille qu’il aime tant. Parce que s’il a bien un point faible Armand, c’est bien sa fille!

Il se chargera donc d’embaucher Luc, le sauveur de Maud, en tant que garde du corps personnel. Il logera dans une annexe de la villa, avec les autres domestiques. Il deviendra, à partir du premier jour de son nouveau job, l’ombre de Maud, la jeune femme ayant interdiction de sortir sans lui. Luc est beau, jeune, fort, il a 26 ans et il fera rapidement tourner la tête de sa jeune cliente, qui tombera désespérément amoureuse du jeune homme. L’étau se resserre autour d’Armand, les menaces se faisant de plus en plus régulières. Il perdra alors pied, lui qui est tellement dirigiste et maître de sa vie (et de celle des autres), aussi bien dans sa profession qu’au sein de son foyer.

Autopsie d’une déception

Rien qu’en écrivant le résumé de ce livre, j’ai l’impression d’écrire le synopsis d’un mauvais téléfilm romantique. Je suis d’accord, je suis dans le jugement de valeur avec ce que je viens de dire, moi qui ai juré Ô grand dieu de la lecture de ne jamais tomber dans un jugement de valeur dans une de mes chroniques. Mais la déception est telle que je lui en veux finalement à Karine Giebel, c’est une chronique qui se fait dans la douleur. Je lui en veux de m’avoir bouleversée avec Meurtres pour rédemption, au point où j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en lisant ce livre et que j’ai mis un mois à m’en remettre, je lui en veux d’avoir provoqué des insomnies tant j’avais hâte de terminer ses précédents livres et je lui en veux de me servir maintenant un livre comme celui-ci.

Si l’idée de base est intéressante et éveille ma curiosité, l’étude d’un désamour maternel, les traumatismes enfouis au fond de nous, le poids de la culpabilité et les fantômes du passé qui nous collent à la peau, la suite prendra une tournure bien trop prévisible, surtout si vous avez lu antérieurement la bibliographie de l’auteure.

On retrouve des personnages et des situations complètement stéréotypés. Armand, chirurgien et directeur de sa propre clinique, est un personnage hautain, détestable, il aime avoir la main mise sur tout son petit monde, de sa fille qu’il chérit d’un amour malsain, à la limite de la perversité, à sa femme qui n’est qu’un objet sexuel et une belle plante avec qui il aime se montrer en société; à ses domestiques, complètement à la merci de leur exigent patron.  Maud est quant à elle une petite fille de riche, avec tous les clichés que ça comporte, capricieuse, colérique, qui ne supporte pas quand on lui résiste, qui a vainement tenté de s’affirmer en faisant des conneries au moment de l’adolescence, et qui est rapidement revenue dans le rang suite aux efforts de son paternel. Luc est quant à lui le seul personnage un tant soit peu attachant du récit, bien que lui aussi pâtisse de cet excès de caricature.

Est-ce qu’il va à un moment, se passer quelque chose dans ce livre?

Bien que j’apprécie le style d’écriture de l’auteure, qui est nerveux, avec beaucoup de dialogues, avec des phrases très courtes, parfois un mot ou deux, beaucoup de sauts de ligne, cette fois j’ai trouvé l’histoire bien trop répétitive. La romance est beaucoup trop présente, n’apportant rien à l’histoire de fond. Je ne compte plus le nombre de scènes larmoyantes où Maud se lamente au sujet du beau Luc qui l’a repousse, celles où elle s’extasie devant son physique parfait, celles où elle pique des crises de jalousie, seule à la fenêtre de sa chambre, imaginant Luc épris d’une autre qu’elle… Je ne compte pas le nombre de scènes d’intimidation qu’Armand exerce sur Luc, ni le nombre de scènes inutiles comme celles qui se déroulent avec Charlotte au bord de la piscine… Le livre pourrait, selon moi, facilement tenir sur 200 pages de moins. J’ai sauté certains passages, j’ai lu en diagonale des chapitres entiers pour avancer dans ma lecture, parce que je voulais tout de même terminer ce livre, pour savoir si mon avis négatif allait être justifié ou s’il y aurait, à un moment, quelque chose de différent à ce qu’on s’attend lire…

Karine nous avait habitués à des livres incisifs, violents, c’était ça qui faisait sa force, le fait qu’elle fasse quelque chose de différent, sans détour, sans édulcorant. Je n’ai pas retrouvé ce style qui a fait que je suis tombée amoureuse de son style. Le récit est cousu de fils blancs, c’est bien trop gentillet à mon goût.

Tout est prévisible

Moi ce que j’aime, c’est quand je suis manipulée par l’auteur, qu’il fait ce qu’il veut de moi, qu’il me balade, me mène sur de fausses pistes, me trompe, me rattrape au détour d’un retournement de situation, me passe à la centrifugeuse pour me mettre le cerveau en vrac, m’étonne, me foudroie à la dernière page parce qu’il me sert une fin totalement imprévisible! Ici, dès le début, dès les 50 premières pages, on se doute de ce que sera la fin. parce que finalement on l’a connaît bien Karine Giebel après avoir lu une dizaine de ses livres. On espère, jusqu’à la fin, que cette fois elle va changer son mode opératoire en matière d’écriture et qu’elle va nous étonner en changeant la conclusion de son livre. Et puis patatra, la fin arrive, mes pires craintes sont confirmées, elle est d’ailleurs bien longue à arriver cette fin, et finalement c’est encore la même chose. En définitive, ce sont toujours les mêmes ingrédients, mixés de façon différente, qui aboutissent à la même préparation, et finalement on est déçu de ne pas goûter quelque chose de différent cette fois encore.

Suis-je lassée du style de l’auteure?

Suis-je devenue un peu trop difficile?

Suis-je totalement hermétique aux histoires d’amour, même à l’état d’embryon, dans les livres ?

Mystère…

En tout cas, ce livre ne m’a pas seulement laissée de marbre, il m’a profondément agacée et j’ai terminé moi-même ma lecture, De Force, en poussant un grand « ppppffffff » de soulagement et de déception à la fin.

 

 

4 réflexions au sujet de “De force – Karine Giebel”

  1. Intéressant. Il est assez fréquent en effet qu’un auteur reprenne les mêmes ficelles et trame d’un roman à l’autre, ce qui est très décevant quand on a vraiment aimé les premiers. C’est très difficile pour l’auteur même de ne pas tomber dans le piège, ça demande un effort. Certains y parviennent très bien, un exemple qui me vient à l’esprit est Ken Follett par exemple, même si je n’ai pas lu toute son oeuvre, chaque roman ou saga est différent. Différentes époques, etc. Bon, j’espère que tu découvriras de nouveaux auteurs qui te rendront le plaisir de découvrir à nouveau une plume et un style qui t’emporte.

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    1. Effectivement je comprends la difficulté qu’il peut y avoir à se renouveler, mais là j’ai juste eu l’impression qu’elle a voulu faire un remake de Meurtres pour rédemption… Créer ce lien d’amour impossible entre deux personnages, avc des éléments perturbateurs qui gravitent autour d’eux… Je suis bon nombre d’auteurs depuis des années, et j’ai rarement lu des livres qui étaient écrits avec les mêmes ficelles, aussi grosses en plus…

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